D'une mère peintre et d'un père céramiste, j'ai été imprégné dès mon plus jeune âge des arts du dessin et du travail de l'argile, deux professions qui influencent encore aujourd'hui ma pratique.

Enfant, j'aimais passer de longues soirées dans l'atelier de mon père, Marcel Vangeebergen, où il fabriquait des objets décoratifs en terre cuite et m'initiait au savoir-faire professionnel de son métier. Je me souviens surtout de la magie des fours, rayonnants de lumière et de chaleur dans cet univers de faïence et de cuivre émaillé. Ma mère, la peintre Yvonne Guermonprez, m'a également encouragée à peindre, et à aborder ce médium par le dessin, que j'ai toujours utilisé dans mon processus de travail. Elle m'a également inspiré son grand intérêt pour la musique et la poésie.

A dix-huit ans, je me suis inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts de Courtrai, en Flandre, dans la classe de Joris Van Der Mynsbrugge, élève de Pierre Caille , où j'ai découvert les possibilités expressives de la sculpture céramique en trois dimensions, avec toutes ses étapes de modelage. C'est une discipline qui m'aide toujours à développer mes projets picturaux. J'ai également effectué un stage dans un atelier de faïence traditionnelle situé dans le sud de la France, à Moustier Sainte Marie pour être précis, où j'ai appris la technique de décoration sur email cru , un savoir-faire ancien dont les origines remontent à l'Italie.

Après des années d'expérience dans ce domaine, cette pratique m'a naturellement orienté vers l'art pictural .
Mes peintures sont comme des mises en scène dans lesquelles des personnages humains et animaux interagissent avec des objets dans des environnements exigus  en trois dimensions .
Dans les chambres secrètes, les grottes et les forêts, les personnages de ces scènes peuvent être vus à la fois comme des voyeurs et des témoins de l'action qui se déroule.
Ces personnages sont aussi souvent protégés par des éléments naturels tels que des falaises et des rochers.

Mon intérêt pour les peintures médiévales des XIVe et XVe siècles a eu une influence majeure sur mon travail. Fra Angelico, Pietro Della Francesca et Giotto, ainsi que des artistes flamands tels que Rogier Van Der Weyden et Hans Memling ont été d'importantes sources d'inspiration.

Les peintres cubistes et abstraits ont incontestablement influencé mes recherches formelles, en particulier Pablo Picasso et Henry Moore - ainsi que Francis Bacon, pour sa façon d'utiliser l'espace, Balthus, Hooper et les artistes belges James Ensor, Léon Spilliaert, Paul Delvaux et bien sûr René Magritte ont également eu un impact ; ce sont des peintres qui ont su rendre tangible leur poésie inconsciente.

Ma formation de sculpteur en céramique m'a permis de construire ces mondes théâtraux imaginaires en miniature, sous forme de modèles tridimensionnels en argile ou en polystyrène. Le travail précis de sculpture permet une grande liberté d'imaginer et d'appréhender un monde parallèle avec des espaces bien définis, des végétaux et des minéraux mis en valeur comme des fragments théâtraux. Je trouve que cette approche concrète, presque artisanale, de la sculpture donne naissance à l'imagination, et à des jeux de perspective qui transforment les personnages devenus eux-mêmes des éléments intégrés de leur environnement. D'étranges scènes nocturnes hantent fréquemment cet universel. Toutes ces dimensions me poussent aussi à utiliser une gamme de couleurs restreinte   parfois  monochrome, en écho à la grisaille des peintres primitifs flamands.